Ils sont au bout du rouleau, étranglés par des dépenses sociales contraintes et privés de ressources fiscales dynamiques. Un tiers d’entre-eux pourraient se retrouver en cessation de paiement en 2025 !
Mardi 3 décembre, le Cercle des élus locaux a invité deux experts de la décentralisation pour poser le diagnostic de l’avenir de nos départements. Jean-Léonce Dupont, Président du département du Calvados et Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières et Président d’Ardenne Métropole, ont confirmé que notre pays avait plus que jamais besoin des départements! Sans eux ce sont toutes les politiques de solidarité qui seraient mises à mal. Sans eux c’est l’aménagement du territoire qui serait abandonné. Et aucun autres niveaux de collectivité ne feraient mieux que les départements, ni l’Etat impotent, ni les régions trop vastes, ni les communes ou leurs communautés trop étroites.
Pour Jean-Léonce Dupont les départements sont irremplaçables aussi parce qu’ils structurent leur territoire à travers les nombreux réseaux qu’ils construisent et gèrent, depuis l’eau jusqu’aux routes, en passant par les transports scolaires…
Mais 70% de leurs dépenses sont contraintes parce que décidées par l’Etat au titre de la solidarité, et elles ne cessent de croître sous l’effet du vieillissement inexorable, de la pauvreté qui s’étend et du chômage qui repart à la hausse. Pour compléter ce sombre tableau, la crise immobilière est venue siphonner leur seule ressource fiscale hier dynamique et aujourd’hui devenue rare : les fameux frais de notaire!
Pour Boris Ravignon, auteur d’un rapport récent et remarqué sur les coûts de notre millefeuille administratif, mieux vaudrait réduire drastiquement l’enchevêtrement des compétences et des acteurs locaux. Ce serait pas moins de 7,5 milliards d’euros qui pourraient être économisés, soit l’équivalent de l’effort que l’Etat demande aux collectivités locales pour boucler son budget!
Comment en sortir et redonner des marges de manœuvre aux départements ? Jean-Leonce Dupont et Boris Ravignon sont d’accord avec une proposition énoncée il y a quelques mois par Eric Woerth : un partage de la cotisation sociale généralisée (CSG), à condition que les départements aient un véritable pouvoir de taux sur celles-ci !
À l’heure où notre pays traverse une très sérieuse crise institutionnelle et financière, il est plus que jamais utile de rappeler que bien des solutions aux problèmes de notre pays viendront de nos élus locaux, les derniers à être encore appréciés de nos concitoyens dont ils connaissent et partagent le quotidien.