Financer et relancer les transports en commun du quotidien [retour sur l’apéro-débat du 28 mars]

Le Cercle des élus locaux tire la sonnette d’alarme : il est urgent de trouver des solutions pour financer et relancer les transports en commun du quotidien.

Les transports en commun du quotidien vont mal et leur avenir s’annonce très compliqué. Ils sont pourtant l’un des atouts majeurs de la lutte contre le réchauffement climatique, puisque le secteur des transports représente près de 15% des émissions de gaz à effet de serre (GES). La part modale des transports en commun est beaucoup trop faible dans notre pays : elle représente quelque 10% des déplacements contre 65% pour la voiture individuelle. Les collectivités qui ont en charge l’organisation et la gestion des transports en commun le savent : les besoins financiers sont considérables pour inverser la vapeur et proposer un service public performant et accessible au plus grand nombre.

Le Cercle des élus locaux s’est réuni le 28 mars pour en débattre, avec Stéphane SAUTAREL, sénateur du Cantal et co-rapporteur de la mission d’information du Sénat sur le financement des transports en commun, et Grégoire de LASTEYRIE, maire de Palaiseau, Président de l’agglomération Paris-Saclay, conseiller régional d’Ile de France et vice-président d’Ile de France Mobilité (IDFM).

 

Leur constat est clair : le compte n’y est pas ! Les autorités organisatrices de mobilité (AOM), intercommunalités et régions, doivent faire face à court terme au double choc de l’inflation et de l’explosion des prix de l’énergie et payer les factures. A moyen terme elles devront assurer le fonctionnement des nouvelles lignes, notamment en Ile de France celles du Grand Paris Express dès 2025. Parallèlement, elles devront continuer d’investir massivement pour élargir leur réseau, rénover des infrastructures et des matériels vétustes et améliorer la qualité de service.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qui va payer ? Les entreprises, qui contribuent déjà à travers le versement mobilité à hauteur de la moitié de la dépense globale ? Ce serait logique tant les transports en commun contribuent à leur performance, au bien-être de leurs salariés et à la réduction de leur empreinte carbone. Mais elles renâclent, car la tendance n’est pas à augmenter les impôts de production qui pèsent sur leur compétitivité…

Les usagers ? Ce serait logique car en réalité ils ne paient qu’une faible part du coût du service public des transports en commun. Dans la plupart des grandes métropoles européennes les tarifs des transports en commun sont plus élevés qu’en France, et à Londres par exemple, les prix des transports en commun sont 10 fois plus élevés qu’à Paris. Mais la question du pouvoir d’achat est tellement sensible que les marges de manœuvre sont là aussi étroites.

Les collectivités ? Ce serait logique car elles sont en première ligne pour organiser la transition écologique, mais leurs budgets sont aussi très contraints par les crises à répétition et la réduction de leur autonomie fiscale.

L’État ? Ce serait logique puisqu’il prétend réguler le système et contrôle les grands opérateurs des transports en commun, mais son budget est déjà largement en déficit et sa dette abyssale.

 

D’autres solutions sont à l’étude : élargir la base du versement mobilité, taxer les touristes, taxer les automobilistes et les poids lourds, taxer le e-commerce… Il est vraisemblable que tout le monde devra mettre la main à la poche pour sauver et relancer nos transports en commun du quotidien.